Léo FERRE
Le printemps des poètes
J'ai vécu des printemps fabuleux en hiver
Pendant que le vulgaire était tout emmouflé
Je soufflais sur mes mains à son cul à son nez
V'là-t'y pas qu'ses bourgeons sortaient m'en jouer un air
Le printemps ça s'invente et ça se fout en taule
Le printemps c'est ma mine avec ses airs de chien
Qui vient tout ébahie me montrer tout son bien
Le temps de déposer mon arme de l'épaule
Et oui c'est ça monsieur le printemps des poètes
Tout juste un peu d'hiver pour rompre les façons
Un quart d'été un quart d'automne et des chansons
Et s'il fait encor frais on se met la casquette
On va faire des pique-niques du côté des ballots
On va se mettre au vert en croyant aux histoires
Et l'on se sent mourir au bord d'une guitare
Quand la mort espagnole envoie son flamenco
Ce qu'il faut de désirs aux heures de l'ennui
Et ce qu'il faut mentir pour que mentent les choses
Ce qu'il faut inventer pour que meurent les roses
L'espace d'un matin l'espace d'une nuit
Jamais ne vient l'avril dans le fond de mon coeur
Cet éternel hiver qui bat comme une caisse
Qu'on clouerait sans répit depuis que ma jeunesse
A décidé d'aller se faire teindre ailleurs
Yehuda AMICHAÏ
Ma vie est le jardinier de mon corps
Ma vie est le jardinier de mon corps.
Mon cerveau une serre bien fermée
avec des plantes et des fleurs
étranges et étrangères,
sensibles et impatientes.
Le visage un jardin français
dessiné de formes précises et de ronds-points
pavés de marbre et de sculptures,
de lieux de repos,
toucher,
sentir,
regarder
et se perdre dans un labyrinthe vert de sentiers :
ne pas piétiner, ne pas cueillir.
Le corps supérieur au-dessus du nombril
est un parc anglais qui a des airs de liberté
sans angles ni dallage,
semblable à la nature de l'homme,
fait à notre image,
ses mains le rattachent à la grande nuit autour.
Mon corps inférieur, sous le nombril,
est tantôt une réserve naturelle
terrible,
sauvage
et merveilleuse,
préservée mais non conservée,
tantôt un jardin japonais
concentré d'arrière-pensée et d'actes posés,
les testicules et le membre de pierre polie,
une végétation sombre au milieu et des sentiers précis plein de sens
et d'apaisement.
Et les commandements de mon père et les ordres de ma mère
sont chants d'oiseaux et chansons.
Et la femme que j'aime
est multiple saisons et temps,
Et les enfants qui jouent
sont mes enfants.
Et cette vie est la mienne.
Yehuda Amichaï, Début fin début, traduit de l'hébreu et présenté par Michel
Eckhard-Elial, Editions de l'éclat, 2001
Ar c'hleuz ne vez ket graet eus un tu hepken.
Le talus n'est pas fait d'un côté seulement.
One does not build an embankment on only one side.
Krennlavarioù brezhonek/Proverbes bretons/Breton proverbs, Lukian KERGOAT, Coop breizh, 1996
Index synonymique de la flore de France par Michel KERGUELEN
http://www.inra.fr/flore-france
J'apprécie en particulier la section qui comprend tous les noms des roses de France :
http://www.inra.fr/flore-france/roc-roz.htm
Il y en a beaucoup plus qu'on ne le pense car cet index recense tous les synonymes, c'est à dire tous les noms qu'une même variété a pu prendre selon les régions, selon les découvreurs et les flores anciennes.
Ils assurent la réalisation et la diffusion de cet index magique :
Responsable de l'Index sur ce serveur : J.-P. Lonchamp (Jean-Pierre.Lonchamp@dijon.inra.fr)
Comité scientifique de diffusion de l'Index : animation et secrétariat : F. Bensettiti (bensetti@cimrs1.mnhn.fr); Membres : Service du Patrimoine Naturel - I.E.G.B .- Muséum National d'Histoire Naturelle : F. Bensttiti ; INRA : P. Allemand, P. Jauzein, J.-P. Lonchamp ; Université d'Aix-Marseille III : H. Brisse, Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement : H. Hoyami.
Jules SUPERVIELLE
Je caresse la mappemonde
Jusqu'à ce que sous mes longs doigts
Naissent des montagnes, des bois
Et je me mouille en l'eau profonde
Des fleuves, et je fonce avec eux
Vers l'océan vertigineux
Débordant de partout mes yeux
Dans la fougue d'un autre monde
Gilles BAUDRY
Des fourmis aux étoiles
de l'herbe à Dieu
quelle musique
infiniment déploie
ses ondes
ses réseaux
ses ramures invisibles
à faire se toucher l'ici
l'ailleurs
l'intime
et l'infini des mondes ?
A Sylvie Reff.
Invisible ordinaire, Rougerie, 1995
Guillaume APOLLINAIRE
Mai
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin
Des dames regardaient du haut de la montagne
Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne
Qui donc a fait pleurer les saules riverains
Or des vergers fleuris se figeaient en arrière
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j'ai tant aimée
Les pétales flétris sont comme ses paupières
Sur le chemin du bord du fleuve lentement
Un ours un singe un chien menés par des tziganes
Suivaient une roulotte traînée par un âne
Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes
Sur un fifre lointain un air de régiment
Le mai le joli mai a paré les ruines
De lierre de vigne vierge et de rosiers
Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers
Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes
Guillaume APOLLINAIRE
Nuit rhénane
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire
Ar bodennoù o deus daoulagad
Les buissons ont des yeux.
Bushes have eyes.
Krennlavarioù brezhonek/Proverbes bretons/Breton proverbs, Lukian KERGOAT, Coop breizh, 1996
Guillaume APOLLINAIRE
Automne
Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux
Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne
Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux
Et s'en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d'amour et d'infidélité
Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise
Oh! l'automne l'automne a fait mourir l'été
Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises
C'est encore une fois l'automne... de georges Schehadé
Guillaume APOLLINAIRE
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume APOLLINAIRE
Signe
Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs
Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol
Guillaume APOLLINAIRE
L'Adieu
J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends
Nino FERRER
Le Sud
C'est un endroit qui ressemble à la Louisiane
A l'Italie
Il y a du linge étendu sur la terrasse
Et c'est joli
On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en été
Y'a plein d'enfants qui se roulent sur la pelouse
Y'a plein de chiens
Y'a même un chat, une tortue, des poissons rouges
Il ne manque rien
On dirait le Sud
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en été
Un jour ou l'autre il faudra qu'il y ait la guerre
On le sait bien
On n'aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire
On dit c'est le destin
Tant pis pour le Sud
C'était pourtant bien
On aurait pu vivre
Plus d'un million d'années
Et toujours en été
Intermède par Omar KHAYAM
j'achèterai un petit coin d'herbe...
Si j'arrive à faire des économies sur le vin,
J'achèterai un petit coin d'herbe,
Avec partout parmi les herbes des tulipes superbes,
Des tulipes jolies comme ma jolie.
Voilà tout le bonheur d'avoir un jardin !
D'après la traduction d'Armand Robin, Poésie/Gallimard (285), 1958
Nino FERRER
La maison près de la fontaine
La maison près de la fontaine
Couverte de vigne vierge et de toiles d'araignée
Sentait la confiture et le désordre et l'obscurité
L'automne
L'enfance
L'éternité...
Autour il y avait le silence
Les guêpes et les nids des oiseaux
On allait à la pêche aux écrevisses
Avec Monsieur le curé
On se baignait tout nus, tout noirs
Avec les petites filles et les canards...
La maison près des HLM
A fait place à l'usine et au supermarché
Les arbres ont disparu, mais çà sent l'hydrogène sulfuré
L'essence
La guerre
La société...
C'n'est pas si mal
Et c'est normal
C'est le progrès.
Nino FERRER
Il pleut bergère
Quand elle était petite fille
Elle habitait dans le vieux Sud
C'est tellement loin déjà tout ça
C'est tellement loin déjà
Rappelle toi New-York
C'était comme sur la planète Mars
L'Alabama n'a pas changé de place
Maintenant qu'elle habite en France
Elle chante une vieille romance
Il pleut, il pleut bergère
Rentre tes blancs moutons
Allons sous ma chaumière
Bergère vite allons
J'entends sous le feuillage
L'eau qui tombe à grand bruit
Voici venir l'orage
Voici l'éclair qui luit
Courrons courrons bergère
Vois-tu briller là-bas
Le toit de ma chaumière
Qui nous abritera
Voici notre cabane
La porte va s'ouvrir
Ma mère et ma soeur Anne
Viendront nous accueillir
Bonsoir bonsoir ma mère
Ma soeur Anne bonsoir,
J'amène ma bergère
Près de vous pour ce soir
Qu'on mène dans l'étable
Ces brebis, ces agneaux
Et mettons sur la table
Laitages et fruits nouveaux
On soupe, on rit, on chante
L'orage s'est calmé
Une amitié touchante
Unit au coeur charmé
Bientôt la bergerette
Las et fermant les yeux
S'endort dans ma chambrette
Et fait un rêve heureux
Bonne nuit, bonne nuit bergère
Rentre vite dans tes draps
Prends bien tes somnifères
Et mets ton pyjama
J'imaginerai tes rêves
Jusqu'au lever du jour
Bonne nuit, bonne nuit bergère
Je t'aimerai toujours
Autre intermède :
Mohammed FAQIH SALEH
Souhait
Un lieu
Comme ce cimetière
Propre et sûr où
L'herbe peut somnoler
Et s'éveiller en liberté.
Traduit de l'arabe (Libye) par Abdul Kader EL JANABI
In Poésie 1, la poésie arabe contemporaine, septembre 2001
Le cherche midi éditeur
Nino Ferrer
L'arche de Noé
D'abord avancez les girafes
Et puis les vaches et les chevaux
Les crocodiles et les corbeaux
Les souris, les hippopotames
Et les chimpanzés
Rangez-les-moi bien dans le ventre de l'arche de Noé
Les hommes nous ont gonflé la tête
Avec les guerres et la misère et la bêtise
Alors on a décidé:
Le déluge !
Mais les animaux n'y étaient pour rien
Et c'est pour ça qu'on a fait l'arche de Noé
Alors rentrez les hyènes et les serpents
Les autruches, les pies, les dindes
Et les faisans
Les zèbres, les chèvres
Les perroquets
Rangez-les-moi bien dans le ventre de l'arche de Noé
Les tigres, les aigles, les buffles, les lièvres
Les mouches et les chameaux
Les éléphants, les tortues, les escargots, les marsupiaux
Les chiens, les chats, les puces, les tiques
Les ours et les blaireaux
Rangez-les-moi bien dans le ventre de l'arche de Noé
Et tous les autres qui n'avaient pas pu rentrer
Regardaient la pluie qui commençait à tomber
Ils étaient des milliers devant la porte fermée
Pendant que la mer emportait l'arche de Noé
Hubert Félix THIEFAINE
Soleil cherche futur
L'infirmier de minuit distribue le cyanure
Et demande à Noé si le charter est prêt
Oh mec il manque encore les ours et les clônures
Mais les poux sont en rut faut décoller pas vrai
Et les voilà partis vers d'autres aventures
Vers les flèches où les fleurs flashent avec la folie
Et moi je reste assis les poumons dans la sciure
A filer mes temps morts à la mélancolie
Soleil, soleil
N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé
Paraît que mon sorcier m'attend à Chihuaha
Ou bien dans un clandé brumeux de Singapour
Mais je traîne les PMU avec ma gueule de bois
En rêvant que la barmaid viendra me causer d'amour
Et je tombe sur l'autre chinetoque
Dans cette soute à proxos
Qui me dit viens prendre un verre tu m'as l'air fatigué
Laisse tomber ta cuti deviens ton mécano
C'est depuis le début du monde
Que l'homme s'est déchiré
Soleil, soleil
N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé
Adieu Gary Cooper, adieu Che Guevara
On se fait des idoles pour planquer nos moignons
Maintenant le vent s'engouffre dans les nirvânas
Et nous sommes prisonniers de nos regards bidons
Les monstres galactiques projettent nos bégaiements
Sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour
Mais dans les souterrains les rêveurs sont perdants
Serions-nous condamnés à nous sentir trop lourds
Soleil, soleil
N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ?
Hubert Félix THIEFAINE
Alligators 427
Alligators 427
aux ailes de cachemire safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
Sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j'ai troqué mon coeur contre une trique
je vous attends
Je sais que vous avez la beauté destructive
et le sourire vainqueur jusqu'au dernier soupir
je sais que vos mâchoires distillent l'agonie
Moi je vous dis : bravo et vive la mort !
Alligators 427
à la queue de zinc et de sang
je m'tape une petite reniflette
je vous attends
Dans cet étrange carnaval
on a vendu l'homo sapiens
pour racheter du Néandertal
je vous attends
Et les manufactures ont beau se recycler
y aura jamais assez de morphine pour tout le monde
surtout qu'à ce qu'on dit, vous aimez faire durer
Moi je vous dis : bravo et vive la mort !
Alligators 427
aux longs regards phosphorescents
je mouche mon nez, remonte mes chaussettes
je vous attends
Et je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s'apprêtent
autour des tables du festin
je vous attends
Et j'attend que se dressent vos prochains charniers
j'ai raté l'autre guerre pour la photographie
j'espère que vos macchabés seront bien faisandés
Moi je vous dis : bravo et vive la mort !
Alligators 427
aux crocs venimeux et gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
L'idiot du village fait la queue
et tend sa carte d'adhérent
pour prendre place dans le grand feu
je vous attends
J'enttends siffler le vent au-dessus des calvaires
et je vois les vampires sortir de leurs cercueils
Pour venir saluer les anges nucléaires
Moi je vous dis : bravo et vive la mort !
Alligators 427
aux griffes d'or et de diamant
je sais que la ciguë est prête
je vous attends
Je sais que dans votre alchimie
l'atome ça vaut des travellers-chèques
et ça suffit comme alibi
je vous attends
A l'ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s'appelleront vers de terre
Moi je vous dis : bravo et vive la mort !
Alligators 427
au cerveau de jaspe et d'argent
il est temps de sonner la fête
je vous attends
Vous avez le goût du grand art
et sur mon compteur électrique
j'ai le portrait du prince-ringard
je vous attends
Je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantômes, aux hyènes et aux vautours
Moi je vous dis : bravo et vive la mort !
An douar a zo re gozh
Evit ober goap anezhañ
La terre est trop vieille
Pour qu'on se moque d'elle.
The earth is too old
For people to make fun of it.
Krennlavarioù brezhonek/Proverbes bretons/Breton proverbs, Lukian KERGOAT, Coop breizh, 1996
Aharon AMIR A la fin des fins
A la fin des fins
il faudra bien reprendre tout à la genèse
et quand se sera dissipé la fumée-champignon
quand la terre sera nettoyée de la pourriture radio-active
pour un temps, un temps-et-demi,
tout reprendra à la génèse -
peut-être dans l'île de Tasmanie
ou au congo ou sur les cimes de l'Ararat
et qui sait, peut-être chez nous, entre le Pichone et le Guihone
verra-t-on retracer la ligne entre ciel et terre
entre les eaux supérieures et les eaux inférieures -
Mais cette fois, je ne viendrai pas le sixième jour
car je contemplerai tout cette fois du commencement
et cette fois, le créateur sera formé à mon image
moi je lui dirais ce qu'il doit faire
moi je lui fixerai l'ordre des créations
et de mes propres mains, moi je prendrai Eve
Eve la nouvelle
de mes côtes -
et nous n'attendrons pas pour nous couvrir de feuilles de figuier
de la tête aux pieds
et sans aucun picnic au paradis
sans jouer avec Dieu et le serpent
nous nous mettrons au pénible labeur
et cette fois, peut-être, ça ira.
Aharon AMIR, traduit par Nicolas M. LAZAR, Poètes israéliens d'aujourd'hui (choix de poèmes), Albin Michel, Collection Présence du Judaïsme, 1960
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